Interview de Marianne Schmadel
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis Marianne Schmadel, je suis née en 1990 à Metz en Lorraine, j’ai d’abord voulu être professeur des écoles, c’est pour cela que j’ai passé une licence de Lettres puis un jour, j’ai vu un film: « La nuit américaine » de Truffaut et là: une vraie révélation, j’ai voulu à tout prix faire du cinéma et surtout évoluer dans ce milieu.
Quel a été ton parcours avant de devenir réalisatrice ?
J’ai réussi à convaincre mes parents de me laisser partir à Paris pour faire des études de cinéma à l’EICAR à la Plaine St Denis et depuis 2012, je vis à Paris où depuis que j’ai fini ma formation, je travaille dans la production et la régie de tournage et le reste du temps, j’écris et réalise mes propres projets.
Quelles ont été tes motivations à devenir réalisatrice ? As-tu une source d’inspiration ?
J’ai toujours été passionnée par le cinéma, grâce à ma maman qui m’a montré très tôt les classiques du cinéma, j’ai donc été biberonnée à Cary Grant, Audrey Hepburn, Tony Curtis, Louis de Funes, Hitchock, Wilder, Truffaut, etc…
Depuis toute petite j’aime aussi écrire des histoires, ado, j’écrivais des nouvelles que je faisais lire à mes amis et en grandissant, l’amour de l’écriture est resté.
J’aime créer une réaction chez les gens, que ce soit l’amusement ou la peur, leur réaction est ma plus belle récompense.
Trois mots pour définir ta vision du cinéma ?
Emotions
Beauté
Aventure
Comment as-tu eu l’idée de réaliser Les filles sages ne conduisent pas la nuit ? A-t-il été difficile à tourner ?
A la base, cette histoire est tirée d’un fait divers qu’un ami à moi a lu dans la presse Lorraine: Le Républicain Lorrain et il a trouvé que l’histoire ferait un bon film.
En partant de ce fait divers qui m’a fait frissonner à l’époque, j’ai créé un personnage, une atmosphère proche d’Hitchcock, dont je suis une grande admiratrice et une intrigue.
Il m’a fallu 4 ans et une belle rencontre pour réussir à réaliser ce film.
En effet, c’est en rencontrant un des membres de l’association CCP productions lors d’un tournage où je faisais de la régie et à qui j’ai parlé de ce projet, que j’ai pu produire et réaliser le film.
La mise en production a mis plus de 2 ans durant lesquels nous avons peaufiné le scénario, réussi à monter une équipe (entièrement bénévole), réussi à trouver les fonds, les lieux et les comédiens.
Il a fallu être patient mais je ne regrette rien de cette aventure.
Et le tournage a été assez compliqué car toutes les scènes étaient tournées en extérieur et de nuit, donc pour avoir la plage horaire la plus large, il fallait tourner le film en février près de Dijon.
Nous avons tourné 3 nuits et la température avoisinait les -20 degrés donc ça a été éprouvant pour l’équipe mais tout s’est très bien passé, ils étaient très pro et efficaces et nous n’avons pas perdu de temps, heureusement.
La plus grosse difficulté a été pour la scène finale, celle de l’interpellation sur le parking d’un centre commerciale : pour la tourner, nous avons dû bloquer toute une zone commerciale, nous avions donc 20 personnes pour bloquer les entrées de la zone.
Il y a eu un gros travail de coordination que mon équipe a très bien géré.
Comment choisis-tu tes acteurs ?
Pour le rôle principal, c’était une évidence, j’étais amie depuis des années avec une comédienne pour qui j’ai pratiquement écrit le rôle : Rose Denis, elle a accepté le rôle et m’a conseillé un ami à elle, comédien pour le rôle du poursuivant : Kevin Duforest.
J’ai eu la chance d’avoir une relation particulière avec mes deux acteurs que je considère depuis comme des amis.
Et pour les rôles de 4 policiers, nous avons fait passer des castings à Dijon pour prendre des rôles sur place.
Tout s’est très bien passé, je choisis mes acteurs au feeling et le courant est passé avec chacun d’entre eux.
Comment as-tu connu le Festival Ptit Clap ? Pourquoi avoir choisi de participer au Festival Ptit Clap ?
C’était au festival « Les regards de l’ICART » en début d’année 2020.
« Les filles sages » a eu la chance de se voir attribuer le prix du meilleur scénario et d’être projeté en salle et à la fin de la projection, 2 personnes faisant partie de l’organisation du Festival « Ptit Clap » m’ont approchée pour me parler de ce festival.
Je ne le connaissais pas et elles étaient très enthousiastes et sures que le film allait beaucoup plaire aux collégiens.
Je n’ai donc pas hésité et leur ai envoyé le film pour qu’il participe au festival.
Qu’as-tu ressenti lorsque tu as reçu le prix des collégiens ?
J’étais très fière évidemment, d’autant plus que c’est le dernier que recevra le film, puisqu’il est sorti en septembre 2018, nous ne pouvons donc plus le présenter en festival.
De plus, en cette période compliquée où tous les festivals sont soit annulés, soit en ligne, je suis ravie que des gens puissent encore voir mon film en salle et surtout l’apprécier.
Je suis également très touchée qu’il puisse plaire à une génération plus jeune qui est habituée à ce genre de cinéma et qui a beaucoup plus accès aux contenus comme les séries ou les films à suspense sur toutes les plateformes qui existent maintenant.
Quels sont tes futurs projets ?
Je suis actuellement en cours de production de mon prochain film, c’est encore un court métrage à suspense (j’aime beaucoup ce style), qui se déroule dans un salon de tatouage.
J’essaie parallèlement d’écrire un long métrage et je continue à travailler dans la production et la régie.
Si tu devais faire passer un message aux jeunes qui se lancent dans le domaine de la réalisation quel serait-il ?
Je leur conseillerai de ne pas hésiter à chercher à se former sur des petits tournages, d’abord entre amis puis avec des vraies équipe (on peut trouver facilement des annonces sur de nombreux sites qui recherchent des bénévoles sur des tournages) pour essayer divers postes, comme la régie, la mise en scène ou la production, c’est le meilleur moyen d’apprendre et de rencontrer du monde pour remplir son carnet d’adresse.
Tout marche au « bouche à oreille » dans ce métier donc il ne faut pas hésiter à contacter des producteurs et des techniciens pour participer à toute sorte de projet, même si, bien sûr, c’est difficile en ce moment de rencontrer de nouvelles personnes…
Il faut être curieux et ne pas hésiter à montrer son travail, c’est avec des retours qu’on arrive à avoir du recul et à savoir si ce que l’on fait est bien.
Si on reste dans son coin à créer on ne peut pas avancer, il faut bien s’entourer, on ne fait pas un film seul, même Spielberg s’entoure d’une équipe solide pour ses projets.